La gouvernance d'Elior va profondément changer: Daniel DERICHBOURG, le PDG de DERICHBOURG, deviendra PDG du groupe !
Des mauvais coups sont à prévoir pour les salariés.
Daniel Derichebourg, l'un des leaders mondiaux dans le recyclage des métaux et la collecte de déchets, et propriétaire du Château de Crémat, durant sa remise des insignes de Chevaliers des Arts et des Lettres au château de Crémat à Nice, le 8 août 2021 en présence d'Eric Ciotti. Voilà pour le tableau de famille.
Le groupe de restauration collective a annoncé ce lundi avoir signé le protocole d'accord pour reprendre la branche multiservices du groupe spécialisé dans le recyclage de métaux. Reste à obtenir le feu vert de l'AMF, de la Commission européenne et des actionnaires.
Près de trois mois après l'annonce de leur rapprochement, Elior et Derichebourg franchissent une étape importante pour l'entériner. Le groupe de services collectives et le spécialiste du recyclage des métaux ont ainsi annoncé ce lundi la signature du protocole d'accord et du traité d'apport au sujet de la vente de la branche multiservices de Derichebourg à Elior.
"Cette signature, approuvée à l’unanimité par les conseils d’administration d’Elior Group et Derichebourg, confirme les termes financiers de la transaction tels que communiqués le 20 décembre", ont indiqué les deux sociétés dans un communiqué.
Une assemblée générale à la mi-avril
Restent plusieurs feux verts à obtenir pour que l'opération soit finalisée: celui de la Commission européenne, l'aval de l'Autorité des marchés financiers à une dérogation accordée à Derichebourg pour ne pas avoir à lancer d'offre publique d'achat, et, enfin, l'accord des actionnaires d'Elior.
Ces derniers seront réunis en assemblée générale le 18 avril et se prononceront ainsi sur l'opération, en excluant évidemment Derichebourg, qui possède à l'heure actuelle un peu plus de 24% du capital d'Elior. Les deux entreprises s'attendent à ce que la réalisation définitive de l'opération soit bouclée ce même 18 avril.
Pour l'heure, les deux sociétés ont indiqué que trois fonds d'investissement, BDL Capital Management, Permian Investment Partners, FSP et EMESA, qui représentent ensemble 24,4% du capital et des droits de vote, avaient apporté leur soutien à l'opération et voteront ainsi en sa faveur mi-avril.
A la Bourse de Paris, l'action Elior gagne du terrain, progressant de 7% vers 11h30, soit l'une des plus fortes hausses de l'indice SBF 120.
Une opération pour réduire l'endettement
Pour rappel, le rachat de la branche multiservices de Derichebourg (qui comprend de la maintenance ou du nettoyage industriel) doit permettre à Elior de se renforcer, en reprenant des activités très complémentaires des siennes, tout en réduisant son endettement.
Cet apport d'actif permettra en effet à Elior d'augmenter ses revenus de 940 millions d'euros et son résultat brut d'exploitation (Ebitda) et donc de diminuer ainsi son levier d'endettement, mesuré par la dette nette rapportée à l'Ebitda.
En comptant l’apport de cette branche de Derichebourg, le levier d’endettement d’Elior, passerait de 8,3 à fin septembre 2022 à 6,2. Un point crucial puisqu’Elior est censé respecter un levier d’endettement inférieur à 7,5 à fin mars 2023, 6 fin septembre 2023 et à 4,5 à partir de fin mars 2024 pour respecter ses "covenants", c’est-à-dire ses engagements auprès de ses créanciers.
"Cette opération peut sembler séduisante sur le papier permettant à Elior de ne pas alourdir sa structure financière et de diversifier ses activités (le multiservice représentera 31% de l’activité)", expliquait TP ICAP Midcap en décembre.
En échange de la cession de sa division, Derichebourg va obtenir des actions Elior, ce qui lui permettra de monter au capital pour atteindre 48,4% du total. Cette transaction se fera sur la base d'un prix par action Elior de 5,65 euros, soit plus de 50% de plus que le cours actuel (3,72 euros).
En conséquence, la gouvernance d'Elior va profondément changer: Daniel Derichebourg, le PDG de Derichebourg, deviendra PDG du groupe de restauration collective et abandonnera ses mandats opérationnels chez Derichebourg.
"A court terme, l’arrivée de Daniel Derichebourg pourrait créer un choc des cultures au sein du groupe", jugeait TP ICAP Midcap, en décembre.
"Bien que l'acquisition prévue de DMS [DerichebourgMultiservices, NDLR] soulage quelque peu la situation financière, elle ne permettra pas de résoudre certains problèmes structurels, et la visibilité sur l'exécution reste faible, à notre avis" nuançait de son côté, fin janvier, Stifel.
Source : BFM BOURSE 6 mars 2023